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LesEchos.fr : “La valorisation des fintechs est un peu problématique”

Stéphane Olmi

12/09/2021

Adrien Choquet, directeur exécutif de Gimar & Co, qui accompagne principalement des acteurs financiers dont des fintechs, analyse la dynamique de ce secteur qui a cumulé les méga-levées de fonds et les nouvelles licornes en 2021.

Lydia, Swile, Qonto… ces fintechs ont marqué la fin d’année avec leurs méga-levées de fonds et leur passage au statut de licorne. M & A Gimar & Co, qui a développé une expertise dans la fintech, partage les raisons de cette attractivité et met avant les défis à venir du secteur.

La fintech française est particulièrement dynamique en cette fin d’année avec de nouvelles licornes comme Lydia et Qonto. Est-ce une surprise ?

En soi, non car c’est un phénomène européen. Depuis fin 2020, on voit de plus en plus de gros tours de table dus à l’arrivée massive des investisseurs américains. Aujourd’hui, quasiment toutes les licornes françaises sont financées par les Américains. Ils se sont rendu compte que l’Europe est un tout, et non un ensemble de pays, et que la réglementation n’est pas une barrière pour s’y développer. Les fintechs Revolut et Adyen ont réussi à s’étendre largement en Europe tout en ayant des activités réglementées.

Est-ce inquiétant d’atteindre de tels niveaux de valorisation dans ce secteur ? Aucune banque ne pourra débourser plus de 1 milliard de dollars pour un acteur du paiement par exemple…

Effectivement, c’est un peu problématique. La grande question est : comment vont sortir les investisseurs ?
Même si les valorisations sont très élevées, il faut rappeler que les modèles digitaux représentent désormais l’économie réelle. Le digital, dont la fintech, est dans une bulle mais les start-up ont une vraie capacité à surpasser les modèles bancaires existants.

Est-ce que des IPO sont envisageables dans les deux ou trois ans à venir ?

Nous n’avons vu beaucoup d’IPO dans la fintech européenne récemment mis à part Wise (ex-Transferwise, NDLR). En fait, il y a encore une étape de consolidation à passer avant de voir des IPO.

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Quelques grands groupes ont commencé à racheter des fintechs comme Visa l’a fait avec le suédois Tink mais c’est assez isolé. Il y a aussi encore peu de rachats entre fintechs européennes alors qu’aux Etats-Unis il y a des exemples marquants comme Square qui a racheté Afterpay pour 29 milliards de dollars.

Pourquoi une fintech doit-elle envisager des opérations de fusions-acquisitions ?

Klarna est un bon exemple car elle a une stratégie de M & A forte qui lui a permis d’élargir sa palette de services et ne plus être un challenger. Depuis quelque temps, Lydia ajoute plein de fonctionnalités comme récemment le trading, car c’est un moyen de retenir ses clients. Quand une start-up a une logique de croissance couplée à de la rétention client, cela signifie qu’elle va pouvoir procéder à des acquisitions et concurrencer frontalement des acteurs traditionnels.

Quels autres défis attendent les fintechs en dehors des questions de financement ?

La levée de boucliers réglementaire. Les acteurs du BNPL (le paiement fractionné, NDLR), sont par exemple pointés du doigt par le lobby bancaire. Ce qui sera aussi intéressant de voir à l’avenir c’est la réponse des acteurs traditionnels face à l’innovation dans le secteur.

JP Morgan commence par exemple à pénétrer le marché européen en créant une néobanque au Royaume-Uni. Goldman Sachs a racheté cet été GreenSky, une start-up dans le crédit conso. Je ne sais pas si ces grands groupes vont venir challenger les fintechs européennes mais ils vont certainement challenger les banques européennes.

Publié dans LesEchos.fr

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