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L’AGEFI : “Les fintechs s’appuient sur l’écosystème des petites entreprises pour les financer”

Stéphane Olmi

01/21/2022

Leurs offres autour du paiement des factures s’étendent aux avances aux fournisseurs, voire au crédit sur anticipation de l’activité commerciale. 

Les petites et moyennes entreprises n’auront bientôt plus à se plaindre d’être délaissées par les prêteurs ! Les fintechs sont toujours plus nombreuses à trouver des solutions pour les financer, mettant en avant un octroi plus rapide. « Le marché des financements aux TPE et PME avait été un peu abandonné par les grandes banques, il suscite à présent de nombreuses initiatives de fintechs qui sont capables, grâce aux nouvelles technologies et à l’open banking, d’établir rapidement des scores de crédit à des coûts très faibles », indiquent Adrien Choquet, directeur exécutif, et Stéphane Olmi, vice-président de Gimar&Co. 

L’analyse des comptes bancaires donne beaucoup d’informations sur l’activité de l’entreprise et, le plus souvent, les financements sont liés au cycle commercial. Les nouveaux acteurs se pressent sur le marché lié aux délais de paiement et aux factures échues qui représente un enjeu aussi élevé que le crédit bancaire. « Dans la perspective d’un soutien à la croissance, les pouvoirs publics appuient les initiatives pour éviter les retards. On assiste au développement d’un écosystème de solutions d’encaissement, d’automatisation des flux… L’affacturage reste trop manuel », explique Pierre Dutaret, cofondateur et dirigeant de Libeo. Cette fintech initialement présente dans les paiements fournisseurs lance à présent Trackpay, une solution qui aide les entreprises à suivre leurs encaissements pour prévenir les retards ou les impayés. En pratique, le logiciel d’émission de factures de l’entreprise est relié à Libeo qui procède à une analyse de la base de clientèle. « Nous établissons des profils en fonction de l’importance du client pour l’entreprise et de son comportement de paiement », déclare Pierre Dutaret. Les clients sont classés en trois catégories, selon qu’ils réclament plus ou moins d’échanges et d’insistance pour obtenir le paiement. Outre l’envoi de messages adaptés aux clients, la fintech instaure un lien entre la banque du payeur et du bénéficiaire et le logiciel de gestion de l’entreprise. En moyenne, les délais de règlement sont réduits de 30 jours, un enjeu important pour les PME. « Nous sommes en train de faire des développements pour financer à l’avance les entreprises qui le souhaitent, la demande en ce sens est très forte », annonce en outre Pierre Dutaret. 

Activité au crible 

La fintech Aria est en train de franchir cette étape, ayant levé en décembre dernier 4 millions d’euros de capital et 8 millions d’euros de dette auprès de fonds pour financer ses clients. « Nous permettons aux donneurs d’ordre de payer simplement et dans des délais raccourcis – la norme allant de 30 à 60 jours – leurs petits fournisseurs, et notamment les indépendants, explique Clément Carrier, dirigeant fondateur d’Aria, créée en 2019. Le marché des freelance a beaucoup gagné en importance et la course aux talents conduit les corporates à vouloir traiter ces fournisseurs de services avec plus d’attention. » Le prix du service évolue entre 1 % et 4 % de la facture avancée. 

La finesse des informations rassemblées sur l’activité des entreprises conduit aussi à financer directement les petits fournisseurs. La plateforme Rolling Funds leur propose ainsi des financements s’appuyant sur leurs relations d’affaires avec de plus grandes entreprises, par exemple dans le cadre d’une franchise… Le gérant Acofi vient de nouer un partenariat avec Rolling Funds pour lancer une activité de dette privée à ses côtés. 

Et le champ des financements couverts par les fintechs remonte toujours plus en amont ! « Certaines proposent désormais le financement des nouvelles campagnes marketing, avant même, donc, l’émission de factures mobilisables, observent Adrien Choquet et Stéphane Olmi. Déjà bien développées aux Etats-Unis, ces offres dites de ‘revenue based financing’ sont destinées aux TPE et start-up actives en BtoC. Elles leur font gagner un temps précieux par rapport aux financements par les banques ou les fonds d’investissement. » En France, le domaine est notamment inauguré par Silvr dont la solution permet, pour les remboursements, de prélever l’argent à la source, en fonction du chiffre d’affaires dégagé par l’entreprise. Une façon nouvelle de traiter le risque de crédit ! 

Publié dans L’AGEFI

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