FINTECH Les jeunes pousses de la finance (ou fintechs) sont les reines de l’année 2021. Nombre d’entre elles ont de fait levé des montants records, qui donnent parfois le tournis. En tête la suédoise Klarna, spécialiste du paiement en plusieurs fois : en l’espace de trois mois, elle a levé au total 1,46 milliard de dollars. Ce qui lui a permis de devenir la start-up la mieux valorisée d’Europe avec une capitalisation de 46 milliards de dollars. Les banques sur mobile (ou néobanques) N26 et Revolut ont elles aussi affolé les compteurs, bien qu’elles ne gagnent pas encore d’argent. L’allemande N26 a ainsi levé 900 millions de dollars et est désormais valorisée 9 milliards de dollars, et la britannique Revolut, 800 millions de dollars. Six ans après son lancement, sa valorisation atteint les 33 milliards de dollars et dépasse celle de certaines banques historiques du Vieux Continent.
À l’instar de l’ensemble du secteur de la tech, les stars de la fintech profitent des très abondantes liquidités présentes sur les marchés. Mais, d’autres facteurs jouent. « Leurs modèles ont fait leurs preuves pendant les périodes de confinement , souligne Adrien Choquet, directeur exécutif de Gimar & Co. Surtout, ces entreprises ont désormais acquis une maturité avec pour certaines une forte présence à l’international. Revolut, par exemple, n’est plus un challenger des banques traditionnelles. » Autant d’atouts auxquels sont sensibles les fonds d’investissement américains et asiatiques, de plus en plus présents au capital des fintechs du Vieux Continent. « Ces fonds prennent conscience du potentiel de développement de nombreuses fintechs européennes, dont les valorisations restent inférieures à celles des américaines », pointe Stéphane Olmi, vice-président de Gimar & Co.
Triplement des levées de fonds
Si les fintechs britanniques, allemandes et suédoises mènent la danse, la France n’est pas en reste. Les levées de fonds des spécialistes tricolores ont plus que triplé par rapport à 2020, atteignant 2,6 milliards d’euros, selon l’Observatoire de la fintech. « Il s’agit de la plus forte accélération depuis dix ans , relève Emmanuel Papadacci-Stephanopoli, vice-président de l’Observatoire. Ces entreprises ont désormais des projets internationaux avec des business plans plus ambitieux que par le passé », justifie-t-il . Les investisseurs misent de plus en plus gros sur le marché français. Pour la première fois, neuf sociétés ont chacune levé plus de 100 millions d’euros. C’est le cas de Ledger (380 millions de dollars), le leader de portefeuilles de cryptomonnaies, de la super-app Lydia (103 millions d’euros) et des start-up de l’assurance (assurtech), Shift Technology (220 millions de dollars), Alan (185 millions d’euros) ou Leocare (110 millions d’euros). Mis à part cette dernière, les autres fintechs sont désormais des licornes. La néobanque Qonto serait sur le point de rejoindre ce club de plus en plus ouvert.
Fait marquant, les start-up du monde de l’assurance séduisent les investisseurs. « Elles ont représenté plus d’un tiers des levées de fonds des fintechs, précise Philippe Bailly, président de D-Rating. Les assurtechs sont en train de rattraper leur retard et de bouleverser le secteur de l’assurance, comme l’ont fait avant elles les néobanques avec les banques traditionnelles. »
Publié dans Le Figaro